Interview de Laëtitia Parrenne – coach Wellmonday
Bonjour Laetitia, vous êtes coach certifiée. En coaching individuel et d’équipe.
Pouvez-vous nous en dire plus sur votre métier ?
Depuis 2009, j’accompagne les transformations individuelles et collectives.
Tout d’abord, j’interviens dans les collectifs qui sont dans des situations complexes (conflits, absentéisme, turn-over, risques psychosociaux, changement peu accompagné) ou qui souhaitent développer un haut niveau de collaboration et d’intelligence collective. Par ailleurs, sur le plan individuel, j’accompagne les travailleurs qui ont du mal à s’affirmer sur leur poste ou qui peuvent manquer de confiance. Les périodes de transition (changement de poste, de statut, d’équipe) sont propices au doute et au syndrome de l’imposteur.
Mes accompagnements permettent de lever les résistances, de faire émerger de nouvelles ressources et d’activer des leviers de transformation.
Pourquoi êtes-vous devenue coach ?
En premier lieu, pour être dans la relation… Vraiment dans la relation ! Lors d’une mission pour un grand groupe français en 2014, j’ai accompagné individuellement plusieurs salariés qui étaient concernés par une restructuration d’ampleur. Des techniques de coaching ont été mobilisées pour ces accompagnements. J’ai apprécié ces moments privilégiés, la qualité des échanges et le travail de fond mené.
Puis, j’ai eu envie d’aller plus loin et de me professionnaliser. J’ai alors suivi une formation exigeante de niveau BAC+5 au sein d’une université. Ainsi, je suis devenue coach lors de cette formation.
Par ailleurs, je viens du monde du conseil. La plupart du temps, les missions menées s’arrêtent à la remise d’un rapport avec un plan d’actions après une phase de diagnostic. Ainsi, le suivi des situations de travail est réalisé en interne. Néanmoins, en temps qu’intervenante, j’avais besoin de sens et de percevoir l’utilité de mon travail. Le coaching est un type d’accompagnement qui permet d’accompagner une personne ou un groupe dans la durée et aussi de voir la finalité de son travail. J’apprécie particulièrement les temps de bilans réalisés à la fin des dispositifs de coaching. En effet, ce sont souvent des moments forts où l’on revient sur le chemin parcouru.
Comment y êtes-vous parvenue ?
D’abord, avec un travail régulier et une bonne dose d’envie, j’ai validé mon Diplôme Universitaire avec mention (très bien). Cela a impliqué la participation à des sessions de formation animées par des intervenants de renom, la réalisation d’un mémoire, un examen pratique avec un jury impartial ainsi que la réalisation de coachings supervisés durant la formation.
En outre, au-delà de cet aspect technique et académique, j’ai surtout développé une posture et une éthique de coach au cours de la formation.
Quelles sont les raisons pour lesquelles les salariés que vous avez coachés ont-ils fait appel à vous ?
Bonne question ! Pour être objective, je vais faire référence aux retours des coachés que j’ai accompagnés… Lors des mises en concurrence avec d’autres coachs, j’ai été choisie pour 3 principales raisons :
- Mon analyse fine des situations et des enjeux. Les coachés se sont rapidement sentis compris.
- Mon style de coach : un mélange de bienveillance, de pragmatisme et d’authenticité. Je confronte, je challenge avec le sourire !
- La mise en travail : j’amène les coachés à élargir leur zone de confort avec sérénité.
Et cela démarre dès le premier échange.
Quelle est l’expérience de coaching qui vous a le plus marquée ?
Je ne parlerais pas d’expérience mais de moments marquants. Qu’ont-ils en commun ? L’émergence d’une nouvelle énergie, une prise de conscience, un mouvement en avant. Un temps vivant où le coach et le coaché sont dans une synergie particulière. Ces moments-là sont marquants.
Un jour, un coaché m’a dit : « mes collègues sont confiants en réunion, surs d’eux ! » En lui demandant « (sous les apparences), comment savez-vous qu’ils sont sur d’eux ? », le coaché a eu un temps de silence suivi d’une révélation « en fait je n’en sais rien » de nouveau suivi d’un silence. La pression était retombée et a laissé place à une nouvelle posture plus apaisée. En effet, c’est souvent dans le silence qu’il se passe des choses.
Quels sont vos outils de coaching favoris ?
Dans le monde des coachs, il est d’usage de dire « le meilleur outil du coach c’est lui-même ». Un bon praticien entretient une bonne hygiène physique et mentale lui permettant de mobiliser l’ensemble de ses facultés et de garantir un bon niveau de présence.
Par ailleurs, la présence est en lien avec l’engagement du coach dans le processus de coaching. Cela veut dire être pleinement présent dans la relation, en mobilisant une écoute active, en laissant de côté ses projections personnelles. Cela implique un haut niveau d’attention.
Pour terminer, je ferais référence à un conseil de mon premier superviseur « Attention à la prévalence d’un outil ». Dans l’absolu, il n’y a pas de bon outil mais un outil adapté à une situation, une problématique. C’est pour cela que maitriser une large palette d’outils constitue un atout.
En quoi le fait d’être psychologue du travail est-il un plus pour un coach ?
Dans un premier temps, le psychologue du travail est un professionnel de l’accompagnement qui a une bonne connaissance du monde de l’entreprise. Cette double casquette lui permet de comprendre les enjeux du système, tout en étant externe à l’organisation lorsqu’il est indépendant. Cela est similaire au positionnement du coach. Le psychologue du travail est aussi un professionnel aguerri à différentes pratiques très compatibles avec le coaching (analyse objective des situations, techniques d’écoute et de questionnement, passation d’entretiens, de tests…), ce qui évite certains faux pas : faire de son expérience personnelle une référence, poser des questions inductives, orienter les échanges « vouloir à la place de », être dans le jugement.
Ensuite, le psychologue intègre très tôt la déontologie dans sa pratique. Ainsi, il répond à un code déontologique et est à même de gérer des dilemmes éthiques.
Cela est certes un gros plus mais pas une fin en soi. En effet, la professionnalisation et la formation continue garantissent une bonne posture de coach : travailler sur soi, savoir se remettre en question, explorer de nouvelles pratiques, être supervisé sont des fondamentaux. Aussi, le coach peut répondre à un code déontologique en adhérant à une association de coach.
Quels conseils donneriez-vous pour bien choisir son coach ?
Pour commencer, je dirais qu’il est important de se sentir en confiance avec le praticien. Pour moi, l’espace de coaching doit être sécurisant et chaleureux. En effet, il est important que la personne accompagnée se sente suffisamment bien pour s’exprimer librement mais aussi pour être mise face à ses éventuelles contradictions. Le coaching est un espace de rencontre et avant tout de travail. Dans le jargon de coach, on parle d’« alliance » pour définir cette haute qualité de relation qui permet cet habile équilibre entre bienveillance et « confrontation ».
Je conseille toujours à une personne qui se lance dans un coaching de prendre un temps de réflexion pour faire son choix. Aussi, d’échanger avec un autre coach pour comparer les approches et la posture.
Au vu du temps passé ensemble, choisissez votre partenaire professionnel !